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Jean-Pierre Bouchez - La trilogie technologies de l’intellect/espaces/acteurs, comme deuxieme dynamique de type transversale de la creation du savoir (épisode 2/2)

Ce billet constitue le deuxième et dernier épisode de la dynamique de la création du savoir et du développement des innovations dans une perspective historique. Cette dynamique transversale (qui s’articule donc avec la dynamique longitudinale de l’épisode précédent), sera d’abord présentée du point de vue de ses différentes composantes, puis illustrée à travers quelques exemples typiques.

LES COMPOSANTES DE CETTE DYNAMIQUE TRANSVERSALE.

Elles sont au nombre de trois : les T.D.I., (technologies de l’intellect), pour mémoire, déjà présentées dans le précédent billet, les espaces les lieux et les contextes porteurs, ainsi que les acteurs, qui agissent et s’investissent sous forme individuelle ou collective.

Du côté des espaces et des lieux.
Ils ont pour vocation principale de contribuer à rassembler, préserver, capitaliser, mobiliser, utiliser, échanger et créer du savoir. On en distinguera quatre formes principales : des institutions, des organisations, des communautés et des agglomérations géographiques.
S’agissant des institutions liées au savoir, on citera plus particulièrement les monastères, les Académies royales, fondées à partir du XVIIème siècle. Enfin, les bibliothèques prestigieuses sont assurément l’un des plus illustres espaces d’accumulation du savoir.
Concernant les organisations, au sein de l’espace marchand, on mentionnera les départements de Recherche et de Développement d’entreprises, qui apparaissent dès la fin du XIXème siècle dans quelques grandes firmes comme General Electric ou Bayer.
Les communautés et les groupements professionnels, peuvent être formels, comme les corporations qui émergent à partir du XIIIème siècle, ou plus informelles à l’image .des communautés de pratiques professionnelles qui se déploient dans les grandes organisations, particulièrement ces dernières années.
Enfin, les espaces urbains (voire régionaux) ont toujours été propices à l’échange d’informations et à la circulation de savoirs.

Du coté des acteurs.
Ces acteurs apparaissent sous forme de personnes ou de collectifs, agissant de manière isolée, ou plus souvent interagissant entre eux, de manière formelle ou informelle, fréquemment dans le cadre de ces différents espaces, structures et lieux. Ils contribuent à produire, échanger, valider, capitaliser, diffuser et transmettre, sous des formes diverses (orales, écrites ou numériques) des fragments d’informations et de savoirs ou des thématiques diverses pouvant déboucher sur de nouvelles idées, de nouveaux savoirs conduisant à des innovations. Ils peuplent notre histoire, depuis les premiers récitants, les copistes, les traducteurs, les savants etc., mais aussi les « citoyens ordinaires ».

QUELQUES ILLUSTRATIONS DE CETTE DYNAMIQUE

Quatre illustrations typiques seront présentées et mises ainsi à l’épreuve : la ville d’Alexandrie, capitale du savoir et centre culturel de l’antiquité ; la renaissance urbaine et le renouveau de la vie intellectuelle au Moyen Âge ; la rationalisation et le traitement de l’information et l’apparition de l’Internet, (qui recouvre en réalité simultanément les deux dynamiques longitudinales et transversales).

Alexandrie, capitale du savoir et centre intellectuel de l’Antiquité.
Nous allons à présent aborder la première illustration transversale qui concerne la ville d’Alexandrie, capitale du savoir de l’antiquité. Elle sera présentée en s’appuyant sur les différentes composantes du savoir telles que nous les avons présentées.
Des espaces : Alexandrie, métropole universelle du savoir.
Cette ville devint progres-sivement, vers la fin du IVème siècle avant J.-C., le centre intellectuel de la méditerranée. Ptolémée Lagos, fit d’Alexandrie sa capitale. Elle allait ainsi prendre la figure et le prestige d’une « métropole universelle du savoir » (1) De Polignac, 1992) ou d’une « capitale mondiale du savoir » (2) (Canfora, 1992).
Des institutions référentes : la bibliothèque naturellement, mais aussi son prestigieux musée qui accueillait savants et lettrés en provenance de toutes les régions du monde grec.
Le Musée, « lieu de culture et de savoir » (2) (Canfora, 1992), fondé en 275 avant J.-C. (Jacob, 1991), les savants admis étaient recrutés et appointés par le royaume. Il leur était demandé avant tout de contribuer, chacun dans leur domaine, au progrès des lettres et de la science (3) Giorgiades, 1982). Mais on y trouvait son indispensable complément, la Bibliothèque, mise à leur disposition, annexée au Musée. C’est sur cette Bibliothèque universelle que se focalisa l’aura de la création d’un « savoir total » et universel. Ptolémée Sôter, qui la fonde en 290 avant J.-C., souhaitait affirmer ainsi le primat de la langue et de la culture grecque. Lui-même et ses successeurs souhaitent doter Alexandrie d’une « mémoire du monde », (il avait fait collationner et classer quasiment tous les ouvrages existants du monde), qui va ainsi attirer les intellectuels de la Méditerranée hellénistique et gréco-romaine.
Des supports.
Il s’agit bien sûr du volumen – ils atteignirent le nombre de 500 000… - sur lequel était « déposé » l’ensemble des textes évoqués. La pratique des « dialogues » et commentaires réalisés en marge des textes par les savants, laisse à penser que ce support en constitue en fait une véritable TDI. Il faut également inclure les tables de Callimaque qui ordonnèrent cette masse de volumen(s).
Des acteurs.
Naturellement, il faut citer en premier lieu le créateur éminent de cette capitale du savoir, le roi Ptolémée Sôter. Il faut y adjoindre la lignée des différents bibliothécaires successifs, au premier rang desquels Callimaque. Enfin, les savants et les lettrés qui fréquentaient ces institutions, ouvrirent pour certains d’entre eux, nous l’avons souligné, ainsi de nouvelles perspectives dans le champ du savoir.

Le renouveau de la vie intellectuelle au Moyen Age.
Ce renouveau constitue la seconde illustration de la dynamique transversale, qui va s’articuler autour d’un contexte porteur associé la renaissance urbaine, intellectuelle et marchande en se déployant .sur les différentes composantes du savoir associées.

Un nouveau contexte porteur autour de la renaissance intellectuelle et marchande à partir et autour des villes. Cette renaissance urbaine s’amorce dès la fin du Xe siècle dans toute l’Europe occidentale et contribue à y développer la vie intellectuelle et marchande, notamment avec l’Orient musulman (4) Lemarchand, 2009). La puissance économique des grands marchands médiévaux, qui y concentrent leurs affaires, participe à ce développement urbain (5) Le Goff, 2001).

Des communautés professionnelles et des institutions : les corporations, bibliothèques et les monastères.
Le système corporatif constitue une illustration de ces communautés professionnelles. Il comporte deux communautés ou institutions symboliquement distinctes. Les corporations professionnelles d’une part qui émergent au cours du XIIIe siècle, autour du développement de l’artisanat et du commerce urbain relevant des « arts mécaniques » et les universités également installées dans les villes, dès le XIIème siècle, qui vont notamment contribuer à formaliser les « arts libéraux ». Ces « corporations du savoir », constituèrent « le lieu par excellence de la formation d’une élite intellectuelle en même temps que de la conservation et de la transmission du savoir en Europe » (6) Gingras et alii, 2009). Les bibliothèques, richement fournies en textes religieux jouèrent, notamment à l’égard de la littérature grecque, un rôle de conservation et de transmission comparable à celui des abbayes d’Occident pour la littérature latine (7) Labarre, 2001). Enfin, on ne peut passer sous silence notamment le travail pharamineux des scribes carolingiens dans la sauvegarde du savoir (8) Riché, 1996).
Les nouveaux acteurs intellectuels.
Il faut naturellement citer cet « homme de métier », qu’est pour Le Goff (9) 1985 [1957]), le membre de la corporation universitaire. Il effectue un travail intellectuel, « il ne doit pas travailler manuellement », (10) Dubar et alii, 2011). Il faut y ajouter la figure du clerc typique de l’intellectuel, qui appartient à l’élite des personnes qui savent lire et écrire. Enfin, toujours selon Le Goff (9) (1985 [1957]), ce sont les traducteurs qui furent en effet les pionniers de cette renaissance urbaine. Ils comblèrent les lacunes qu’ont laissées l’héritage latin dans la culture occidentale s’agissant des sciences (Euclide), de l’astronomie (Ptolémée), de la médecine (Hippocrate et Galien), de la logique et l’éthique (Aristote).
Un support à l’usage métamorphosé : « L’entrée du livre dans le siècle ».
En mobilisant cette belle expression, Barbier (11) (2001) exprime le basculement et le déploiement du volumen du monde religieux vers l’univers civil et marchand dans le cadre de cette renaissance urbaine. L’apparition des premières universités, un siècle auparavant, va naturellement générer la production et la fourniture d’ouvrages pour répondre aux besoins des étudiants et des maîtres, ainsi que l’apparition des premières grandes bibliothèques, organisées et disposées hors des monastères. Le développement d’une nouvelle bourgeoisie enrichie par les affaires et le commerce constituant une diversification et une croissance de la clientèle de lecteurs. Ainsi, le livre est devenu un support et une véritable TDI. Melot (12) (2006), considère que c’est le besoin de livres qui a fait naître l’imprimerie et non l’inverse. Dit autrement, l’ampleur de cette production manuscrite appelait en quelque sorte l’écriture mécanique…

La formalisation et la diffusion des savoirs artisanaux (XVe -XVIIIe siècle)
Nous abordons à présent, une troisième illustration transversale qui se propose de décrire le processus d’accumulation et de formalisation des savoirs, qui se déploiera réellement à partir du XVe siècle. Les acteurs sont principalement les artisans (dépositaires de compétences tacites), les savants, les experts et les premiers ingénieurs. Les institutions et les organisations sont notamment représentées par les Académies royales (en particulier l’Académie royale des sciences), les corporations, pour mémoire, ainsi que les écoles d’ingénieurs, créées au XIXe siècle. Enfin, les supports sont constitués par les dictionnaires, les encyclopédies et les traités (métallurgiques) liés au regroupement et à l’accumulation de savoirs formels. Deux logiques combinées seront évoquées, particulièrement à l’œuvre dans cette vaste entreprise de formalisation des savoirs tacites et empiriques : la démarche de captation et de formalisation du savoir tacite et empirique des artisans, et le processus d’accumulation et de diffusion des savoirs, à travers le travail de compilation de dictionnaires, d’encyclopédies et de traités.
La captation, d’appropriation et de formalisation des savoirs artisanaux. Caron (13) (2010) a clairement mis en exergue dans cet ouvrage, la confrontation et la combinaison entre trois acteurs majeurs, eux-mêmes détenteurs de trois types de savoir : le savoir empirique des artisans, le savoir formalisé des ingénieurs et le savoir des savants, qui ont contribué à structurer et formaliser un certain nombre de savoirs techniques.
Les dictionnaires et encyclopédies comme processus de regroupement, de compilation et d’accumulation des savoirs formels. C’est surtout à partir du XVIe siècle que la compilation des encyclopédies s’amplifia, compte tenu notamment des progrès de l’imprimerie combinés avec le souci du regroupement et de l’ordonnancement des savoirs (14) Pinault, 1993). Halleux (15) (2009) évoquant, en effet, le « changement d’échelle » lié à l’émergence du capitalisme, illustre son propos en citant une vingtaine d’ouvrages publiés entre 1500 et 1650, portant sur la « mise en ordre du savoir technique » avec un « souci de rationalisation ». L’Encyclopédie (1751-1772), constituant l’ouvrage phare et emblématique du siècle des lumières. Toutes ces productions qui compilent, regroupent et ordonnent des savoirs, sont naturellement assimilables à des TDI.

L’internet, ses acteurs, ses promesses, ses usages.
S’agissant en effet de l’Internet, nous allons opérer une exception au niveau de la présentation de cette dernière illustration en ce qu’il apparaît difficile de dissocier la logique longitudinale et la lecture transversale, tant elles apparaissent dans ce cas combinées. D’un côté, l’on se situe dans la logique de l’enchaînement longitudinale des T.D.I. dans leur forme numérique, de l’autre côté, la prise en compte du contexte et l’environnement scientifique et culturel, souligne la dimension transversale de cette séquence. Cette combinaison concoure à la création du savoir et d’innovations à une échelle jamais connue. Nous survolerons cette épisode récent, en construction continue, en n’en soulignant que les aspects les plus saillants depuis les années 1930.

Les précurseurs (années 1930-1940).
Il convient à cet égard, d’évoquer le projet d’Otlet (1868-1944), qui conçût un réseau de « télescope électronique », précurseur lointain de l’Internet Imaginé en 1934 qui permettrait de lire de chez soi des livres exposés dans la salle teleg des grandes bibliothèques, aux pages demandées à l’avance. Ce sera le livre téléphoté (Otlet, 1934). La figure de Bush doit être également mentionnée. Il décrit dans un papier devenu célèbre (16) Bush, 1945), un dispositif qu’il dénomme le « memex » et qui comporte certaines analogies avec le « télescope électronique » d’Otlet. Il permettrait à tout individu « d’y stocker tous ses livres, ses archives, sa correspondance et ce qui est mécanisé, de manière à en permettre la consultation avec une extrême rapidité et une parfaite souplesse. C’est une extension intime de sa mémoire ». On retrouve à nouveau cette volonté d’accumulation et de mise en commun du savoir accessible au plus grand nombre et à l’ensemble de l’humanité.

Les pionniers (milieu des années 60-milieu des années 90).
En s’appuyant sur des chercheurs français comme Cardon (17) (2010), Faucillon (18) (2010) et Flichy (19) (2001), on peut schématiquement identifier, durant cette période, une version plus « technologique », bien connue et une version plus « communautaire » et « contestataire », qui se situe à travers la rencontre de la contreculture américaine et le monde de la recherche, dont nous soulignerons les aspects les plus marquants. Ainsi, la dimension libertaire, est marquée par une aspiration à travers une nouvelle vision de la société et du monde visant à opérer une reconstruction par le bas, tout en développant l’autonomie des individus. Par ailleurs, la coopération « entre égaux » apparaît en ce que précurseurs et contributeurs de l’Internet l’ont d’abord développé pour eux-mêmes. Un dispositif initialement conçu pour et par la communauté scientifique s’est développé de manière horizontale et « tourbillonnaire » (17) (Cardon, 2010), en intégrant progressivement de nouveaux acteurs, sur la base de la culture de l’échange et de la coopération « entre égaux ». Enfin, la culture de l’ouverture peut être illustrée par le projet GNU et le principe des licences copyleft. Associé ultérieurement à Linux, ce projet sera à l’origine de la naissance d’une gamme de logiciels « ouverts ».
Il aura donc fallu une trentaine d’années pour que la quasi-totalité des technologies et des coopérations se rejoignent pour constituer ce que l’on identifie aujourd’hui comme Internet. Cette période fait un peu figure de « fin de partie », celle de l’ère et de l’esprit des pionniers, dédiée à l’esprit du partage et de l’échange des savoirs, de la liberté et de la coopération. Une autre séquence allait prendre le relais…

Le grand tournant : démocratisation, massification et ouverture au marché (milieu des années 1990), suivi une forme plus collaborative (milieu des années 2000).
Cette nouvelle séquence, assimilable à une forme de « revirement », est également bien connue. Elle se déploie à travers les premiers fournisseurs d’accès à Internet puis la première génération des moteurs de recherche. Mais, c’est la création de Google en 1998 qui va changer la mise en conquérant quasiment tous au début des années 2000, une situation de quasi-monopole.
Au milieu des années 2000, une nouvelle forme collaborative s’opère à nouveau à travers les nouvelles applications Internet dites 2.0, dont Tom O’Reilly a popularisé le concept et qui se déploie à travers des dispositifs permettent la création et l’échange de contenus textuels d’images et de vidéo, sans parler des réseaux sociaux. Toutefois, au sein de cette galaxie, même si de nombreuses applications se recommandent des principes des « pionniers » (gratuité des droits d’accès des utilisateurs, partages, échanges, convivialité, etc.), l’encyclopédie Wikipédia créée en 2001, constitue assurément illustration parmi les plus illustratives (20) (Foglia, 2011). C’est finalement son mode de gouvernance innovant, autorégulé, vigilant et participatif. plus à la mutualisation des procédures de surveillance et de sanction qui permet à la communauté de veiller à la fiabilité des articles sans s’être donnée une autorité éditoriale centrale, plus que l’écriture participative proprement dite, qui apparaît comme l’innovation la plus audacieuse (21) (Cardon et Levrel, 2009).

Pour ne pas conclure sur cet épisode…
On considérera, en se limitant à notre champ d’investigation – la dynamique de la création et de l’usage du savoir (notamment pour la période contemporaine, dans une perspective marchande) – que cette T.D.I. la plus aboutie à ce jour, notamment à travers ses multiples supports et outillages collaboratifs, constitue une ressource d’une nature et d’une ampleur sans précédent. Elle permet en effet pour la première fois dans l’histoire de combiner et de fusionner (au moins pour partie), les trois différentes composantes dynamiques interactives que nous avons présentées et illustrées (acteurs/espaces/supports), de manière formelle, informelle, virtuelle, synchrone, et asynchrone.

CONCLUSION : AUX RISQUES DE LA MARCHANDISATION ET DE LA PRIVATISATION DU SAVOIR.

Ce billet a permis de mettre en exergue une double dynamique combinée, longitudinale et transversale comme processus contribuant sur une période longue à la création, la diffusion et l’usage du savoir, (non marchand et/où marchand), ainsi que son aboutissement potentiel à une innovation. Mais on ne saurait conclure cette contribution sans évoquer les risques de marchandisation et de privatisation du savoir dans notre période contemporaine, qualifiée par des économistes néo-libéraux (22) (Foray, 2000, 2009), d’économie fondée sur les connaissances. Cette période génère, souvent sous forte tension, entre un capitalisme financier de nature court-termiste et capitalisme cognitif, se déployant nécessaire-ment sur une échelle de temps plus longue, le tout sur fond d’une concurrence mondiale exacerbée, où l’innovation « juste à temps », devient un impératif catégorique. On peut à ce stade citer ces risques en les localisant principalement dans trois domaines : le développement d’externalités négatives des connaissances liées à la centration sur les seules opérations à des fins totalement spéculatives à risque, déconnectées de l’économie réelle, la pression sans fin à la course à l’innovation vis-à-vis notamment des chercheurs et des créatifs, et enfin, plus globalement, une tendance à la privation du savoir, assimilable alors à un seul objet de marchandisation. Ce dernier aspect constitue un véritable débat de fond : il est notamment lié à la course effrénée à l'innovation. Un seul exemple : la prise de brevets dans le cadre du contexte concurrentiel exacerbé en vient parfois à stopper, ou du moins à freiner l'exploitation de la connaissance ou de l'innovation, alors que son objectif est précisément de la stimuler...


Notes.

(1) POLIGNAC de F., dir. Jacob C. et Poulignac de, (1992), « L’ombre d’Alexandre, », Alexandrie III° siècle avant J.-C., Autrement, Collection mémoire, pp. 37-48.
(2) CANFORA L., dir. Jacob C., Poulignac de F., (1992), « Le monde en rouleaux », Alexandrie III° siècle avant J.-C., Autrement, Collection mémoire, 1992, pp. 49-62.
(3) GIORGIADES P. (1992), L’étrange destin de la bibliothèque d’Alexandrie, Les publications de l’Atelier.
(4) LEMARCHAND F. (2009), Les cahiers de Science & Vie, n° 114, décembre.
(5) LE GOFF J. (2001), Marchands et banquiers du Moyen-Âge, PU.
(6) GINGRAS et alii, (2009), Du scribe au savant. Boréal, Montréal.
(7) LABARRE A. (2001), Histoire du livre, PUF.
(8) RICHE P., dir. Baratin M. et Jacob C. (1996), « Les bibliothèques et la formation médiévale », in Le pouvoir des bibliothèques, Albin Michel, pp. 273-284.
(9) LE GOFF J. (1957, 1985), Les intellectuels au Moyen Âge, Gallimard, Points Histoire.
(10) DUBAR C. et alii (2011), Sociologie des professions, Armand Colin.
(11) BARBIER F. (2001), Histoire du Livre, Armand Colin.
(12) MELOT M. (2006), Livre, Editions de l’œil neuf, Paris.
(13) CARON F. (2010), La dynamique de l’innovation, Gallimard.
(14) PINAULT M. (1993), L’Encyclopédie, PUF, Paris.
(15) HALLEUX R. (2009), Le savoir de la main, Armand Colin.
(16) BUSH V. (1945), The Atlantic Monthly, July, “As We May Think”, Volume 176, No. 1, pp 101-108.
(17) CARDON D. (2010), La démocratie Internet, 2010.
(18) FAUCILLON J. (2010), Rêveurs, marchands et pirates, Le Passager clandestin, 2010.
(19) FLICHY P. (2001), L’imaginaire d’Internet, La Découverte, Paris.
(20) FOGLIA M., dir. Groult M. (2011), « Wikipédia, entre connaissance et démocratie », Les Encyclopédies. Construction et circulation des savoirs, de l’Antiquité à Wikipédia, L’Harmattan, pp. 119-136.
(21) CARDON D., LEVREL J. (2009), « La vigilance participative. Une interprétation de la gouvernance de Wikipedia », Réseaux, n° 154, 2009, pp. 21-89.
(22) FORAY D. (2000, 2009), L’économie de la connaissance, La Découverte, collection « Repères ».